Beaucoup d’ultra-traileurs de renom s’y sont frottés, dont Kilian Jornet et Xavier Thévenard, mais c’est le Savoyard François d’Haene qui, en 2016, a signé l’un des plus grands exploits de l’histoire du trail en parcourant ce tracé de Calenzana à Conca en seulement 31 heures et 6 minutes. Je vous propose ici de revenir sur cette journée du record un jour de juin 2016 quand d’Haene a marqué le sol corse de sa foulée majestueuse ! Depuis, c’est un corse qui a repris le record du GR20, grâce à Lambert Santelli !
Retour sur le GR20 de François D’haene, avec les temps de passage
Retrouvez sa trace sur le GR20 en deux parties sur strava : partie 1 | partie 2 (manquante) | Sa trace GPX
Point de passage | Km | Temps | Dénivelé positif cumulé |
Ortu (refuge 1) | 10 | 1h40 | 1300 |
Carrozzu (refuge 2) | 18 | 3h20 | 2000 |
Ciuttulu (refuge 5) | 34 | 6h37 | 4000 |
Lac de Nino | 51 | 8h48 | 4700 |
Petra Piena (refuge 7) | 66,5 | 11h13 | 5600 |
Vizzavone | 85 | 14h50 | 6500 |
Col de Verde | 111 | NC | 8000 |
Usciolu (refuge 12) | 127 | NC | 9100 |
Bavella | 150 | NC | 10500 |
Conca | 160 | 31h06 | 12000 |
Il faut noter qu’il peut y avoir des écarts car d’une part, les montres et les temps qui remontent sur strava ne sont pas les mêmes, il peut y avoir des coupures. D’autre part, les coureurs n’empruntent jamais exactement les mêmes sentiers. Il peut y avoir des écarts !
Une performance hors norme
En établissant ce chrono, François d’Haene a battu de près d’une heure le précédent record détenu par Guillaume Peretti (32 heures en 2014). Kilian Jornet, considéré comme l’une des références mondiales de l’ultra-trail, avait mis 32 h 54 en 2009.
Paradoxalement, ce record du GR20 a failli ne jamais voir le jour. Avant de prendre le départ, François d’Haene a dû patienter près de 48 heures à cause de mauvaises conditions météo. Il avoue que ces reports successifs ont été usants mentalement : certains membres de son équipe avaient pris des congés pour l’aider, et tout ce petit monde se trouvait en attente, un œil rivé sur le ciel corse.
Finalement, c’est le vendredi, à 4 h du matin, qu’il s’est élancé, sous la pluie et le brouillard, bien décidé à en découdre.
Ce qui frappe dans cette aventure, c’est son côté “projet d’équipe”. Bien qu’il s’agisse d’un record individuel, d’Haene a pu compter sur plusieurs “pacers” – ces coureurs qui accompagnent un athlète sur une portion du parcours, pour le guider, le motiver ou assurer la sécurité. Parmi eux, des amis, des membres de sa famille et de son staff. Tous avaient un rôle à jouer : qu’il s’agisse de préparer du ravitaillement, de gérer la logistique ou de garder un œil sur la météo.
Une île qui lui est familière
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, François n’a pas choisi la Corse par hasard. Il connaît cette île depuis plus de dix ans ; il y passait régulièrement ses vacances avec ses parents et avait même tenté le GR20 en mode randonnée, en dix jours, lorsqu’il avait tout juste 18 ans. À l’époque, il n’imaginait pas qu’un jour, il réaliserait cette même traversée d’un trait, en un peu plus d’une journée seulement.
Comme il le dit lui-même, c’était “juste impensable”.
Le parcours de François d’Haene sur Open Runner
Même si certains, restés fidèles au précédent record de Guillaume Peretti, n’ont pas directement participé à l’aventure, la plupart des insulaires ont salué sa performance. L’intérêt des médias a également servi de vitrine à l’île de Beauté, qui s’est retrouvée une nouvelle fois au cœur de l’attention pour ses paysages sauvages et son GR mythique.
Gestion du corps et de l’esprit
Sur le GR20, tout est question d’adaptation. Le départ s’est fait par temps maussade ; la pluie et le brouillard l’ont accompagné une bonne partie de la première journée. Selon d’Haene, cela lui a imposé une forme de “mode survie” : ne pas se perdre, éviter la blessure et maintenir une bonne hydratation. Il ne s’agissait pas de se mettre dans le rouge dès le début, mais plutôt de franchir le secteur de Vizzavona, à mi-parcours, sans dommages. On le ressent sur ses temps de passages, une allure raisonnable sur les 30 premiers kilomètres.
Certains pensent aujourd’hui que descendre sous les 30 heures serait possible. Mais le coureur savoyard tempère : pour y parvenir, il faudra être “bien accompagné, bien préparé et très humble face à la montagne”. Il sait de quoi il parle, car même avec son expérience, il a veillé à ne jamais dépasser ses limites, quitte à avancer prudemment lors des passages plus techniques.
Un défi toujours d’actualité
Au final, l’exploit de François d’Haene, réalisé en 31 heures et 6 minutes, est une nouvelle page dans la riche histoire du GR20. Tout comme Julien Chorier, Guillaume Peretti ou Xavier Thévenard, il a apporté sa pierre à l’édifice et prouvé que l’on pouvait aller toujours plus loin, à condition de croire en ses capacités et de ne jamais sous-estimer les reliefs corses.
D’un point de vue personnel, je trouve fascinant de voir à quel point la passion, le mental et l’esprit d’équipe peuvent faire la différence sur un tel challenge. L’aventure de François d’Haene n’est pas qu’un simple record : c’est une démonstration de l’importance de la préparation, de la résilience et surtout du plaisir que l’on prend à partager un rêve commun. À présent, la question qui brûle les lèvres de tous les traileurs est : qui sera le prochain à oser défier le GR20 pour descendre sous la barre symbolique des 30 heures ?